Browse By

Anniversaire : Deutsche Grammophon

Musique en jaune : la redécouverte de trésors

Désidératas audiophiles soudains chez Deutsche Grammophon, qui réédite une série d’enregistrements légendaires des années 70, captés à l’époque en quadriphonie, mais jamais publiés sous cette forme. Hésitation donc à l’égard de cette « stéréo » d’un nouveau genre, à quatre canaux, nécessitant quatre enceintes, un amplificateur ad hoc et une cellule spéciale. Camouflage oblige, on se contente alors d’un « downmixage » stéréo de la bande master, au prix d’une restitution tronquée.

SUBLIMER LE PASSE

Car le temps passant peut parfois agir utilement, en purifiant, en sublimant certaines incertitudes du passé. Le projet ? Redonner à ces vinyles leur souveraineté originelle, avec ce délié, cette fluidité sonore et pour tout dire ce naturel qui se libèrent enfin de ces manœuvres douteuses. Souvenons-nous, au cours des années 60 et 70, Deutsche Grammophon jouissait d’une célébrité et d’un prestige à peu près incomparables, en supplantant l’étendue artistique du groupe EMI, tout en relativisant la beauté indépassable des fameuses prises de son Decca. C’est Herbert von Karajan, en vérité, dès 1959, qui impose sa propre loi, quittant ce même groupe EMI pour la firme de Hanovre. La première intégrale des symphonies de Beethoven en stéréophonie (1963) voit le jour, le grand succès historique de la marque allemande. Mais le label jaune, c’est aussi une somme d’artistes de tout premier ordre : Jochum, Böhm, Kubelik, Kempff, Argerich, Fischer-Dieskau et bien d’autres, jusqu’à Bernstein, naguère chez CBS, ou Boulez plus tardivement, qui se rallieront à l’incontournable cause. Les années 80 nuanceront un rien cette absolue suprématie, par la disparition naturelle des grands maîtres, représentants ultimes de « l’âge d’or », détrônés, en partie, par les tenants du baroque. De la sorte, l’assise naturelle de Deutsche Grammophon qui reposait avant tout sur un répertoire axé sur le XIXe siècle, se trouve quelque peu ébranlé. On pourrait, plus subtilement ajouter l’avènement du numérique, largement plébiscité par les mélomanes des années 80 et 90, inconditionnels du CD, de ce format réduit et élégant, au mépris souvent du vinyle, devenu pour beaucoup d’entre eux un appareillage encombrant et dépassé. Mais le temps fera le reste, qui conduira, sur le long terme, à un sentiment d’aseptisation dommageable : la petite galette numérique absente de « chair » véritable, ne parviendra jamais à se substituer à l’objet de naguère tant convoité…

Retrouvez cet anniversaire célébré par Thierry Soveaux et 30 pages d’expériences et de tests de matériel hifi et nouveautés dans le 32e numéro de Vinyle & Audio, chez votre marchand de journaux préféré !

Anniversaire : Deutsche Grammophon

Anniversaire : Deutsche Grammophon