En couverture du numéro 32 : Diana Krall
Diana Krall : la tournée des 60 printemps
Après les Etats-Unis où elle habite désormais, et le Canada d’où elle est originaire, la France semble le pays qu’elle préfère. Non pas qu’elle parle notre langue, Nanaimo où elle est née en Colombie-Britannique est une ville anglophone, mais peut-être une réminiscence de cette série de concerts donnés à l’Olympia au début de l’hiver 2001 devenue son premier live. Elle y célèbre alors ce qui reste son plus gros succès, l’album The Look of Love, écoulé à près de trois millions de copies. C’est cette année-là qu’elle est devenue artiste incontournable, icône d’un jazz élégant, maîtrisé mais pas aseptisé et sensuel. Un quart de siècle plus tard, qu’en reste-il ?
Dans ses set-lists, Diana Krall saupoudre les incontournables standards de jazz, récemment « I’ve Got You Under My Skin » ou « East of The Sun (And West of The Moon) », de morceaux empruntés à d’autres répertoires, ceux de Tom Waits, Bob Dylan ou Joni Mitchell, sans oublier Brian Wilson récente disparition de la légende oblige. Cette pianiste s’est toujours permis un étonnant mélange des genres.
Bien sûr, avant elle, il y a eu Ella Fitzgerald qui emprunta « Can’t Buy Me Love » aux Beatles ou Nina Simone qui s’empara de « The House of The Rising Sun » à cause des Animals, mais Diana Krall est encore allé plus loin.
Lorsqu’elle décide de reprendre le morceau de Burt Bacharach « The Look of Love » c’est un trait de génie. Stan Getz avait montré que le tempo pouvait s’alanguir, Claudine Longet qu’il pouvait devenir fantasme érotique, et Sergio Mendes qu’il se conjuguait avec l’indolence de la bossa nova. Diana Krall en livre une version sans fioriture inutile, portée par le seul velouté de sa voix. Son interprétation correspond pleinement à la tension sexuelle que le morceau originel suggère, ce fut une complète révélation et le zénith d’une carrière déjà riche.
Car l’artiste aux seize millions d’albums vendus semble, depuis quelque temps, figée. C’est la seule ombre au tableau de cette désormais sexygénaire, la disparition de son mentor, Tommy LiPuma en 2017, année de son dernier album studio. Ce manque semble peser tant qu’il l’empêche d’aller de l’avant, alors qu’il suffirait d’un rien pour qu’elle continue sa route. Que son mari Elvis Costello retourne en studio avec elle par exemple, une collaboration que les fans désirent mais qui hélas ne semble pas à l’ordre du jour. Diana heureusement ne cesse pas de tourner.
Ex-pianiste de bar, qui devait donc dégainer à la demande n’importe quel classique, elle a gardé en elle cet éclectisme qui est l’une de ses plus grandes qualités. L’autre est son chant gracieux et velouté.
Concerts
- 26 septembre – Anvers
- 30 septembre – Bruxelles
- 10 octobre – Roubaix
- 12 octobre – Lyon
Diana Krall par Christian Eudeline, à lire dans le 32ème numéro de Vinyle & Audio, chez votre marchand de journaux préféré !

En couverture du numéro 32 : Diana Krall