Histoire de pochette : The Who
Vinyle & Audio numéro 17 : histoire de pochette avec les Who.
La première rencontre de Peter Blake avec les Who remonte à 1964, lors de l’enregistrement de l’émission Ready Steady Go!. À l’époque, grâce au galeriste Robert Fraser qui le représente et lui a ouvert les portes du Swinging London, son nom est déjà connu au-delà du cercle restreint des amateurs d’art contemporain. Kit Lambert, le manager des Who, va lui demander de remodeler l’image de ses protégés.
L’association de cet artiste féru de culture populaire et de ces jeunes mods apparaît après coup comme une évidence. Contrairement à un artiste comme Roy Lichtenstein, qui détourne l’univers des comics avec la distance et l’ironie d’un intellectuel new-yorkais, l’œuvre de Blake est à prendre au premier degré. Il aime la culture populaire et ses peintures et collages la célèbrent sous toutes ses formes : fêtes foraines, jouets, tatouages, badges, personnages de bande dessinée, célébrités du monde du spectacle, du sport, de la politique…
Son œuvre la plus connue n’est pas accrochée au mur d’une galerie, mais se trouve dans votre discothèque puisqu’il est l’auteur de la pochette de Sgt. Pepper’s Lonely Hearts Club Band. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, même s’il était ami avec les Beatles, qu’il trouvait « intéressants », il préférait de loin leurs rivaux californiens, les Beach Boys. Et s’il ne réalisa pas son rêve de travailler pour le groupe de Brian Wilson, ce dernier lui confiera la conception de la pochette d’un album solo, à l’aube du XXIe siècle. On lui doit aussi la pochette de Stanley Road, de Paul Weller, qui est très fan du monsieur, ou celle de la compilation d’Oasis, Stop the Clocks. Blake a inspiré la chanson « Peter the Painter » à son ami Ian Dury qui fut son élève au Walthamstow College of Art. Il lui rendra à son tour hommage en réalisant la pochette du tribute album Brand New Boots and Panties.
En 2019, quand les Who, désormais réduits à Pete Townshend et Roger Daltrey, le sollicitent à nouveau (Blake avait réalisé l’habillage de Face Dances en 1981), leur dernier album studio remonte à treize ans et leur activité se résume à faire fructifier leur légende et leur répertoire au cours de tournées éminemment lucratives.
L’existence de Who tient du miracle si l’on songe à la relation compliquée, sinon tumultueuse, qu’entretiennent les deux hommes depuis six décennies. Au début des années 1970, Daltrey avait tout de même assommé Townshend pour conclure une dispute. Désormais, ils ont appris à se supporter, presque à s’apprécier. Leur collaboration repose sur un principe simple : ne pas se trouver au même endroit au même moment, ce qui implique de ne pas descendre dans le même palace lorsqu’ils sont en tournée. Le seul écart à cette règle est la scène où, si on les observe de près, leurs regards ne se croisent jamais.
Retrouvez la suite de cette histoire de pochette dans le 17ème numéro de Vinyle & Audio, chez votre marchand de journaux préféré !