Interview : Gérard Pont
L’interview du 20ème numéro de Vinyle & Audio : Gérard Pont.
Les mémoires d’un pionnier
Derrière le producteur de rendez-vous désormais incontournables (Francofolies, Printemps de Bourges…) se cache d’abord un homme de passion, un fan de musique et un pionnier du festival « made in France ». Dans le petit cercle de la télé, Gérard Pont est l’un des producteurs indépendants qui compte, avec sa société Morgane Production. Depuis cinq ans on lui doit Basique, le programme musical et quotidien de France 2, mais aussi un nombre vertigineux de documentaires, de captations, d’émissions etc. Dans le jargon de la profession, Gérard fait partie des « darons ». Parisien d’adoption, mais Breton corps et âme, le natif de Brest à d’autres passions et cordes à son arc.
Amateur passionné et dévoué de musique, il est aussi le propriétaire, via sa société, de deux rassemblements majeurs sur le très concurrentiel marché des festivals d’été. En ouverture de saison, le Printemps de Bourges, et puis à la mi-juillet, avec statistiquement moins de pluie, les Francofolies de la Rochelle, le grand festival dédié à toutes les variations de la musique et de la chanson francophone.
Ce que l’on sait moins, c’est qu’autrefois, à une époque qui n’existe plus que dans la mémoire de ceux qu’on appelle « les anciens », ce pape de l’audiovisuel, avec la force de sa naïveté juvénile d’alors, a importé le concept « Woodstock » sur le sol français. Le festival se prénommait Elixir et se déroulait au fin fond du Finistère, à Irvillac. Plus de quarante ans après sa première édition dans les champs bretons, Gérard Pont a sollicité sa mémoire et partage aujourd’hui ses souvenirs de pionnier, dans un livre intitulé, non sans fierté, Le Jour où les Clash sont venus chez nous – l’histoire du festival Elixir. Un livre en forme de recueil de souvenirs, racontés sans jamais dire « je ». Une touche de modestie, sachant que la mémoire est propre à chacun, et que la vérité de l’un, n’est pas celle de l’autre. « En fait pour moi, c’était surtout une histoire enfouie et oubliée. Ces trente-cinq dernières années, je n’ai eu ni le temps, ni l’envie de regarder mon passé. Mais à la mort de Pierre Billant l’un des cofondateurs, je me suis rendu compte que tous ces festivals qui existent aujourd’hui, partout, et qui sont devenus des événements de masse, doivent tous, peut-être, quelque chose à Elixir, et je le dis sincèrement avec modestie. Et puis je me suis replongé dans toutes mes archives qui n’avaient pas vu la lumière depuis. En regardant des enregistrements, j’ai eu l’impression de découvrir des choses que je ne me souvenais pas avoir vécues. » Comme disait Keith Richards, « si vous vous souvenez des années 60, c’est que vous n’y étiez pas ».
Livre : Le Jour où les Clash sont venus chez nous – l’histoire du festival Elixir (GM éditions – 216 pages – 35 €)
Retrouvez l’interview de Gérard Pont qui s’est confié à Thomas Boujut dans le 20ème numéro de Vinyle & Audio, chez votre marchand de journaux préféré !