Matériel de légende : la TD 124
Vinyle & Audio numéro 23 : la TD 124, la Rolls-Royce des platines.
Dans le premier numéro de Vinyle & Audio, Jean-Éric Perrin qualifiait la platine Technics MK2 de Ferrari des platines. Il est temps maintenant de parler de la Rolls des platines.
Au début des années 1950, la platine anglaise Garrard 301, lancée en 1953, avec un entraînement par galet particulièrement silencieux, domine le marché, séduisant autant la clientèle audiophile que plusieurs studios de radio. La 301 est une platine réduite au strict minimum : un châssis légèrement trapézoïdal de la largeur du plateau, un éclairage stroboscopique permettant de vérifier ou d’ajuster les vitesses de rotation. Sur le devant de la table, deux boutons pour la mise en marche et le choix des vitesses. C’est tout. Le bras de lecture et son socle sont laissés au choix du revendeur ou de l’acheteur.
Cependant, en 1957, la Garrard 301, a pris de l’âge et son extrême dépouillement rebute certains amateurs. Thorens décide alors de fabriquer une platine capable de concurrencer la Garrard 301, voire d’être meilleure. La cible visée avec la TD 124 est, outre le public audiophile, celui des petits studios de radio qui n’ont pas les moyens de s’équiper en platines professionnelles comme les Clément ou les EMT. Pour cette clientèle, la nouvelle platine possèdera deux caractéristiques spécifiques : un réglage des vitesses de rotation permettant d’ajuster le diapason de certains disques et un système de démarrage instantané.
L’apparence fait l’objet d’une attention toute particulière et sera intemporelle, sobre sans être triste, avec ce qui deviendra pour plusieurs années la signature des Thorens : un châssis divisé en deux avec, à gauche, une partie claire supportant le plateau et, à droite, une tablette démontable en bois noir sur laquelle se fixe le bras de lecture. En revanche, le bras de lecture proposé par Thorens en 1957, le BL 104, est de conception un peu vieillotte. Muni d’une tête amovible, d’un réglage de pression par molette, il est monté sur la tablette avec un lève-bras. D’origine, Thorens propose de l’équiper de la cellule piézoélectrique bon marché Ronette (mono ou stéréo), de celle à reluctance variable General Electric VRII (mono) ou la Shure M7D (stéréo). Il sera vite remplacé par les modèles BTD 12 et TP 14 plus à même de concurrencer les meilleurs bras de l’époque, tels l’Ortofon SMG 212.
Pour l’utilisateur qui souhaite équiper la TD 124 d’un bras de lecture autre que le BL 104, la présence d’origine de la tablette est un atout par rapport à la Garrard 301 à laquelle il faut ajouter une table supplémentaire pour fixer le bras. À l’avant gauche du châssis, se trouve le sélecteur de vitesses (16, 33, 45 et 78 t/m), surmonté d’une molette permettant d’ajuster finement celles-ci, lesquelles sont contrôlées par un stroboscope placé à l’interface entre la table et le plateau. Sur le châssis et à droite du plateau, on trouve un niveau à bulle pour contrôler l’horizontalité, laquelle se règle au moyen de trois molettes reliant le châssis au socle. À gauche du châssis, on trouve le bouton du levier qui, en désolidarisant le plateau en contact avec le disque du volant lourd en rotation, permet l’arrêt ou le démarrage instantané. L’ensemble peut être livré avec ou sans un socle noir en bois. Les dimensions sont relativement modestes : 39,5 x 33,5 x 6 cm (sans le socle), mais le poids est conséquent, 10 kg (sans le socle).
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