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En couverture du numéro 30 : Bryan Ferry

Un exercice rafraîchissant

Alors qu’il fêtera cette année ses quatre-vingt ans, Bryan Ferry continue à nous surprendre. Pour ce disque porté par les textes et la voix d’Amelia Barrat, il a composé des musiques au piano. C’est la première fois qu’il écrit sur des mots d’un autre, des poèmes qui sonnent comme des microfictions et s’accommodent à la perfection de ce minimalisme mélodique. Loose Talk signifie conversation bavarde, contre-pied de l’impression qui s’en dégage, tout en justesse et précision.

Vinyle & Audio : Vous n’aviez pas sorti de nouvel album depuis dix ans.

Bryan Ferry : Oui, l’année dernière j’ai travaillé sur une rétrospective de ma carrière en solo, Retrospective : Selected Recordings 1973-2003, qui se terminait par un morceau avec Amelia Barratt « Star ». Je trouvais que cela faisait une belle conclusion à ce coffret qui résumait un demi-siècle de travail, car c’est une direction toute nouvelle, jamais je n’avais fait cela, pourtant j’avais très envie de musique instrumentale.

Vinyle & Audio : Découvrez-vous la peintre d’abord ou l’écrivaine ?

B. F. : La performeuse, elle était en mode performance, déclamant ses textes. Elle est venue ensuite dans mon studio pour un projet à elle de livre audio, Building A Building (sorti en flexi en 2022). C’est là que je me suis dit qu’il fallait essayer de faire quelque chose ensemble. « Star » est né comme ça, j’ai repris un morceau à moi sur lequel je bloquais, que Trent Reznor et Atticus Ross (tous deux de Nine Inch Nails, NDLR) ont réarrangé et voilà. Nous n’avons rien fait pendant un moment, mais là nous sommes déjà en train d’enregistrer un deuxième disque.

Vinyle & Audio : Est-ce qu’elle a écrit de nouveaux textes, ou est-ce que vous avez mis en musique des poèmes déjà existants ?

B. F. : Ce n’est que du matériel original. Le premier est celui qui ouvre le disque, « Big Things ». Elle me livre les paroles en premier, nous travaillons morceau par morceau. Ses mots m’inspirent, je peux puiser dans mes vielles cassettes des idées ou alors me laisser guider par l’inspiration du moment. Comme je viens de te le dire, c’est une envie que j’avais depuis longtemps, composer de la musique uniquement instrumentale, mais je n’y étais jamais arrivé. C’est vraiment agréable de pouvoir s’échapper du format traditionnel de chanson qui demande obligatoirement couplets et refrains. Également celui du passage en radio, car je n’ai aucune velléité de musique commerciale ici, je fais juste quelque chose que j’aime. C’est un exercice rafraîchissant que de faire quelque chose de nouveau.

Vinyle & Audio : Il y a peu de chansons dans votre répertoire avec autant de manières écrites, comme des monologues.

B. F. : C’est exact, « In Every Dream Home A Heartache » sur For Your Pleasure ou « Mother Of Pearl » sur Manifesto peut-être.

Vinyle & Audio : Pouvez-vous me donner un exemple de musique ancienne que vous n’arrivez pas à finaliser et qui apparaît ici.

B. F. : « White Noise », c’est une musique qui remonte à 1973, une pièce au piano. Je n’ai cessé d’essayer de la reprendre, mais je n’arrivais à rien. En 1976, j’ai pourtant failli, avec un bassiste qui s’appelait Alan Spenner, j’aimais beaucoup sa ligne de basse. J’ai gardé sa partie, et je reprends ce morceau presque quarante ans après, j’ai réarrangé les choses au piano. Ce sont souvent des idées de mélodies que j’enregistre chez moi, j’utilise beaucoup de cassettes pour enregistrer des idées. J’ai utilisé beaucoup de ces thèmes pour asseoir les fondations de ce disque. J’ai toujours travaillé ainsi, en commençant par quelques notes de piano, ce n’est qu’ensuite que cette ébauche se développe ou pas, avec des paroles, je n’avais jamais composé sur les mots d’un autre auparavant, et d’autres instruments.

Album : The Loose Talk (Dene Jesmond Records / The Orchard) 

Retrouvez notre entretien avec Bryan Ferry dans le 30ème numéro de Vinyle & Audio, chez votre marchand de journaux préféré !

Bryan Ferry

En couverture du numéro 30 : Bryan Ferry