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Vintage story : Joni Mitchell

Joni Mitchell : Joni’s Jazz

Au moment où paraît Joni’s Jazz, un coffret de soixante-et-un morceaux qui met en lumière les accointances de Joni Mitchell avec la scène jazz, il n’est pas inutile de se replonger sur ses aventures en mode ternaire. 

L’originalité du songwriting de Joni Mitchell et ses prouesses vocales ont très tôt suscité l’intérêt des musiciens de jazz. L’artiste canadienne étant elle-même avide d’expériences nouvelles, ces deux mondes, celui du folk dont elle est issue et celui de Charles Mingus, étaient faits pour se rencontrer.

Le flirt débute en 1972, quand Tom Scott, un saxophoniste qui maîtrise toute une palette d’instruments à vent, reprend « Woodstock », une composition qui figure sur le troisième album de Mitchell, interprétant la partie vocale à la flûte à bec. Il y est accompagné par Larry Carlton, qu’on retrouvera bientôt sur les albums de la dame. Notons que Scott n’est pas le premier – ni le dernier – jazzman à s’intéresser au travail de la musicienne canadienne. En 1971, Keith Jarrett avait enregistré « All I Want » qui figurait sur Blue paru la même année. Et au début du XXIe siècle, Herbie Hancock allait enregistrer River: The Joni Letters, un album qui revisite son répertoire en compagnie de jazzmen et de chanteurs aussi divers que Leonard Cohen, Tina Turner ou Norah Jones. Lorsque Joni Mitchell découvre la relecture de Scott, elle l’invite à participer aux sessions de For the Roses. Ses interventions qui semblent venir d’un autre monde contribuent au pouvoir envoûtant de l’album. Après ce succès critique et commercial, Joni Mitchell va passer une grande partie de 1973 à composer et enregistrer son successeur, Court and Spark. Si elle convoque à ses côtés quelques vieux amis comme Robbie Robertson, David Crosby et Graham Nash, on retrouve aussi des membres du L.A. Express de Tom Scott et des Crusaders dont l’apport l’éloigne un peu plus encore du son folk rock de ses premiers disques. Pour preuve, ce « Twisted » qui referme Court and Spark. Créée par Annie Ross en 1953, la chanson se rattache au genre vocalese qui, à l’inverse du scat pratiqué par Ella Fitzgerald ou Louis Armstrong qui utilisent des onomatopées, consiste à poser des paroles sur une mélodie basée sur un solo de saxophone, trompette ou autre instrument. Contrairement aux craintes de la maison de disques, ces choix audacieux se révèleront payants : l’album sera certifié or un mois après sa parution en 1974, et double platine en 1997.

Pour le promouvoir, Mitchell prend la route en compagnie du L.A. Express. Le double live Miles of Aisles témoigne de l’entente parfaite entre la chanteuse et un backing band au service de son répertoire qui évite les démonstrations superflues. Lors de la seule date européenne, à Wembley, Annie Ross montera sur scène pour interpréter « Twisted » en duo.

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Vintage story : Joni Mitchell

Vintage story : Joni Mitchell